48 élèves de seconde, première et terminale de l'option cinéma du lycée Frédéric Ozanam de Mâcon et leur professeure de français et de cinéma madame Ghislaine Ringuelet ont accueilli, ce lundi après-midi, l'actrice française Sophie Cattani venue parler de son métier.
Les jeunes de l'option cinéma reçoivent régulièrement tout au long de l'année, la visite de professionnel.le.s du monde du cinéma dans leurs cours hebdomadaires. La semaine dernière, ils ont rencontré l'actrice Bérénice Bejo.
Formée à l’ENSATT de Lyon ainsi qu'à la l'Université du Middlesex de Londres, Sophie Cattani a débuté sa carrière sur les planches. Elle a même fondé sa propre compagnie de théâtre avant de se lancer dans le cinéma en 2002 où elle enchaîne des seconds rôles comme : Rire et Châtiment (2003) d'Isabelle Doval, La vie de Michel Muller est plus belle que la vôtre (2005) de Michel Muller, La Jungle (2006) de Matthieu Delaporte, ainsi que Jean-Philippe de Laurent Tuel.
Elle participe aussi à plusieurs courts métrages, à des séries télé (PJ, Commissaire Cordier, le commissariat, les petits meurtres d'Agatha Christie, Toutouyoutou) mais n'abandonne pas sa carrière théâtrale pour autant, alternant les rôles entre le cinéma, la télévision et le théâtre,
Elle joue d'ailleurs actuellement une pièce de théâtre « le 11 septembre » au sein de l'établissement scolaire Ozanam.
Sophie Cattani a expliqué la différence entre le théâtre et le cinéma.
« Le cinéma, c'est l'art de ce qui ne se dit pas »
« Je suis plutôt une comédienne de théâtre, j'adore la littérature, ça m'a donné envie de raconter des histoires », confie-t-elle. « L'école de théâtre nous apprend à rendre compte de texte. Le cinéma c'est l'art de ce qui ne se dit pas. On ressent les choses sur l'expression d'un visage, une attitude. Je passe beaucoup de temps à travailler le non dit dans les textes, le maximum de détails sur les personnages. Il y a un espace d'imaginaire assez grand à investir au cinéma. Au théâtre, il y a quelque chose qui sort de soi. Le cinéma vient chercher quelque chose d'intime en vous. Il faut construire un monde imaginaire. Ma survie ce sont mes camarades de jeu . Pour moi, entrer en relation avec les autres me fait oublier la caméra. Il faut que je m'attache à quelque chose. Je fais une radiographie de mes partenaires pour donner l'impression de les connaître intimement.
J'ai besoin de préparer en amont mon personnage. Ce travail préparatif est important. Au cinéma, on crée une connivence avec les personnages que l'on interprète. J'ai la sensation d'explorer des facettes plus larges.
Au cinéma, le temps est compté et la lumière est associée. On commence tôt le matin à 6h. C'est l'acteur qui devient maître du temps. »
Le temps de la concentration, l'actrice le trouve en pratiquant du yoga et de la méditation mais aussi pendant les séances de maquillage et de coiffure.
« L'avantage au cinéma, c'est la possibilité de reprendre une prise. Le cinéma donne plus de temps aux choses que la télévision. L'exigence artistique est différente au cinéma par rapport à la télévision et au théâtre. »
L'actrice a avoué avoir vécu des moments de solitude absolue sur les plateaux télé.
À la question sur quelle place laissée à l'improvisation, elle répond que « l'impro est un aspect qu'elle aime beaucoup au cinéma. » En tant qu'interprète, elle aime avoir un petit espace de liberté.
« Il faut accepter de douter un peu pour être un acteur »
« Pour faire du cinéma, il faut d'abord définir une aire de jeu et ensuite convier des interprètes. Il y a une forme d'artisanat dans cet art et ensuite, il faut s'abandonner à ça.
Quand on est acteur, il faut accepter que l'humain soit plein de fragilité, il faut se faire confiance et faire confiance à ceux qui vous dirigent. Il faut accepter de douter un peu pour être un acteur. »
Une belle rencontre et un témoignage d'une grande richesse pour ces jeunes qui se destinent à une carrière dans le cinéma.
Propos recueillis par Maryse Amélineau
Photos © Maryse Amélineau