Accueillant le Premier ministre ce matin sur la RCEA, à Navour-sur-Grosne, le président du Conseil départemental a rappelé combien longue fut l'histoire de la mise à 2x2 voies avant ce grand jour qui voit les collectivités et l'Etat augmenter les financements et accélérer la dernière phase des travaux. Il a demandé que la portion en Saône-et-Loire soit de la pleine et entière responsabilité du Département.
« 60 ans que l'on se perd en projets reportés, en discours, en intentions non suivies d'effets (...) pour cet axe pourtant structurant. Une longue histoire pour cette arlésiennes qui a démarré en 1967, date à laquelle j'ai trouvé les premières déclarations. Aujourd'hui, nous voyons le bout du tunnel. »
Annoncé en 2013, l'aménagement comprenait 3 phases qui devaient finalement aboutir en 2025. « A mon arrivée à la tête du Conseil départemental en 2015, j'ai vite compris que nous ne serions pas au rendez-vous du calendrier espéré sans financement supplémentaires. J'ai dons remis tout le monde autour de la table à partir de février 2018, à l'occasion du conseil d'orientation des infrastructures du 1er février 2018. La même année, le Département versait une avance de 10 millions d'euros sur l'enveloppe globale de 58 millions. La Région contribuait elle aussi à hauteur de 58 millions, la CUCM de 10 millions, enfin l'Etat de 202 millions d'euros.(...) »
« Nouvelle sueur froide, développait le président Accary, quand en 2021 le préfet de région m'annonçait un dépassement de l'ordre de 85 millions, ce qui occasionnait aussi un report de la fin du calendrier des travaux. Retour autour de la table donc avec le préfet de région pour trouver un accord financier. Un effort supplémentaire de 57 millions sera consenti par l'Etat, 6 millions pour la Région et 6 millions également pour le Département. En échange, nous avons eu la garantie du stricte respect du calendrier des travaux d'achèvement de la mise à 2x2 voies d'ici fin 2023 !
Vous avez devant vous M. le Premier ministre, un président de Département satisfait, satisfait de voir qu'en Saône-et-Loire, nous avons été capables de travailler ensemble, Etat, collectivités locales, parlementaires et élus locaux pour trouver une solution malgré les sensibilités politiques différentes. (…) M. le Premier ministre, nous sommes au rendez-vous des engagements pris, et notre parole donnée sera tenue. »
André Accary a conclu so intervention sur une dernière demande en matière de route : que le Département prenne la responsabilité pleine et entière de cette portion de RCEA qui traverse la Saône-et-Loire. Ce qui devrait être rendu possible avec la loi 3DS qui ouvre la voie à un transfert des routes nationales aux Conseils départementaux. Un appel à la future dénomination en RDCEA !
À la suite, Michel Neugnot, vice président du Conseil régional, s'est exprimé sur le sujet pour dire « enfin et merci ! » « Depuis que je suis conseiller général en 1990 j’entends parler de cette arlésienne. En son temps d'élus, Arnaud Montebourg, avait poussé aussi le dossier car il fallait donner du rythme. Je salue aussi ici les équipes qui ont travaillé d'arrache-pied. »
Briefé sur le chantier par le responsable de la DREAL quelques minutes avant, Jean Castex a pris la parole après Michel Neugnot en évoquant « les crises qui se succèdent, sanitaire et ukrainienne » mais « la vie qui continue ».
Le Premier ministre a développé quelques minutes la « politique de mobilité essentielle » pour nos concitoyens. « Je suis un ardant défenseur du train, mais je n'oppose évidemment pas le train et la route. Je n'ai d'ailleurs jamais conçu la politique du rail comme ça, comme une opposition à la route. Nous avons besoin de routes en France. Le développement et le succès des véhicules électriques et hybrides en est la preuve. 2017, 1,7 % des ventes. Cinq après, 17,3 % des ventes ! C'est un cap que nous devons suivre, accompagner la reconversion de la filière. (…) » Quant à l'évocation de l'arlésienne, Jean Castex s'est montré rassurant vis à vis des élus : rassurez-vous, des arlésiennes, il y en a partout et il y a régulièrement besoin de l’intervention du Premier ministre. Surcoût, normes qui évoluent, fouilles archéologiques, espèce animale à protéger etc. les motifs de retard de chantier sont nombreux et font partie du décor. (…) »
« D'où aussi la nécessaire simplification » a-t'il souligné. « Ce temps est venu. Il n'est pas possible que des projets durent 30 ans. » Intention également louable avec l'évocation de la souveraineté... « Nous devons accroître notre souveraineté et limiter la dépendance à l'égard des pays extérieur à l'Union européenne, pour protéger nos concitoyens et aussi ne plus être dépendants. »
Ces derniers mots séduisants en période de campagne présidentielle auront sans doute fait mouche, mais le dire c'est bien, le faire c'est mieux. Si l'Etat pouvait suivre l'exemple des élus locaux pour ce qui est du respect de la parole donnée, le pays ne s'en porterait que mieux.
En matière de simplification et de souveraineté, il y a du boulot, et dans tous les domaines...
Rodolphe Bretin